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Wip - Women In Peril

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"Femmes Damnées" (Damned Women), poem by Charles Baudelaire with engraving by Emile Bracquemond.
I found two poems by Beaudelaire under that name.

(1)

Comme un bétail pensif sur le sable couchées,
Elles tournent leurs yeux vers l'horizon des mers,
Et leurs pieds se cherchant et leurs mains rapprochées
Ont de douces langueurs et des frissons amers.

Les unes, coeurs épris des longues confidences,
Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux,
Vont épelant l'amour des craintives enfances
Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux ;

D'autres, comme des soeurs, marchent lentes et graves
A travers les rochers pleins d'apparitions,
Où saint Antoine a vu surgir comme des laves
Les seins nus et pourprés de ses tentations ;

Il en est, aux lueurs des résines croulantes,
Qui dans le creux muet des vieux antres païens
T'appellent au secours de leurs fièvres hurlantes,
Ô Bacchus, endormeur des remords anciens !

Et d'autres, dont la gorge aime les scapulaires,
Qui, recélant un fouet sous leurs longs vêtements,
Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires,
L'écume du plaisir aux larmes des tourments.

Ô vierges, ô démons, ô monstres, ô martyres,
De la réalité grands esprits contempteurs,
Chercheuses d'infini, dévotes et satyres,
Tantôt pleines de cris, tantôt pleines de pleurs,

Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies,
Pauvres soeurs, je vous aime autant que je vous plains,
Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies,
Et les urnes d'amour dont vos grands coeurs sont pleins !

(translation):

Like thoughtful cattle lying on the sand,
They turn their eyes to the horizon of the seas,
And their feet seeking each other and their hands close together
Have sweet languor and bitter chills.

Some, hearts in love with long confidences,
In the depths of the groves where the streams chatter,
Go spelling the love of fearful childhoods
And dig the green wood of young shrubs;

Others, like sisters, walk slow and serious
Through the rocks full of apparitions,
Where Saint Anthony saw rising like lava
The naked and purple breasts of her temptations;

There are, in the gleams of crumbling resins,
Who in the mute hollow of old pagan caves
Call you for help from their howling fevers,
O Bacchus, sleeper of ancient remorse!

And others, whose throat loves scapulars,
Who, concealing a whip under their long garments,
Mix, in the dark wood and the lonely nights,
The foam of pleasure to the tears of torment.

O virgins, o demons, o monsters, o martyrs,
Of reality great spirits of disdain,
Seekers of infinity, devotees and satyrs,
Sometimes full of cries, sometimes full of tears,

You whom in your hell my soul has pursued,
Poor sisters, I love you as much as I pity you,
For your gloomy pains, your unquenched thirsts,
And the urns of love with which your big hearts are full!

(2)

A la pâle clarté des lampes languissantes,
Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur
Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.

Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête,
De sa naïveté le ciel déjà lointain,
Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
Vers les horizons bleus dépassés le matin.

De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
L'air brisé, la stupeur, la morne volupté,
Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
Tout servait, tout parait sa fragile beauté.

Etendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
Delphine la couvait avec des yeux ardents,
Comme un animal fort qui surveille une proie,
Après l'avoir d'abord marquée avec les dents.

Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
Superbe, elle humait voluptueusement
Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle,
Comme pour recueillir un doux remerciement.

Elle cherchait dans l'oeil de sa pâle victime
Le cantique muet que chante le plaisir,
Et cette gratitude infinie et sublime
Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir.

- " Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses ?
Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir
L'holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?

Mes baisers sont légers comme ces éphémères
Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
Comme des chariots ou des socs déchirants ;

Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié...
Hippolyte, ô ma soeur ! tourne donc ton visage,
Toi, mon âme et mon coeur, mon tout et ma moitié,

Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles !
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
Et je t'endormirai dans un rêve sans fin ! "

Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête :
- " Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
Comme après un nocturne et terrible repas.

Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
Et de noirs bataillons de fantômes épars,
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts.

Avons-nous donc commis une action étrange ?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi :
Je frissonne de peur quand tu me dis : " Mon ange ! "
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.

Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée !
Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection,
Quand même tu serais une embûche dressée
Et le commencement de ma perdition ! "

Delphine secouant sa crinière tragique,
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique :
- " Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer ?

Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté !

Celui qui veut unir dans un accord mystique
L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
Ne chauffera jamais son corps paralytique
A ce rouge soleil que l'on nomme l'amour !

Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ;
Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers ;
Et, pleine de remords et d'horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...

On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître ! "
Mais l'enfant, épanchant une immense douleur,
Cria soudain : - " Je sens s'élargir dans mon être
Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur !

Brûlant comme un volcan, profond comme le vide !
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide
Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.

Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
Et que la lassitude amène le repos !
Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde,
Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! "

- Descendez, descendez, lamentables victimes,
Descendez le chemin de l'enfer éternel !
Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,

Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage.
Ombres folles, courez au but de vos désirs ;
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.

Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes ;
Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes
Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.

L'âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et roidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau.

Loin des peuples vivants, errantes, condamnées,
A travers les déserts courez comme les loups ;
Faites votre destin, âmes désordonnées,
Et fuyez l'infini que vous portez en vous !

(translation):

In the pale light of languid lamps,
On deep cushions all impregnated with odor
Hippolyte dreamed of powerful caresses
Who lifted the curtain of his young candor.

She sought, with an eye troubled by the storm,
From its naivety the already distant sky,
Like a traveler who turns his head
Towards blue horizons overtaken in the morning.

Of her eyes deadened the lazy tears,
The broken air, the stupor, the dull voluptuousness,
His vanquished arms, thrown down like vain weapons,
Everything served, everything showed its fragile beauty.

Lying at his feet, calm and full of joy,
Delphine brooded over her with ardent eyes,
Like a strong animal watching a prey,
After first marking it with the teeth.

Strong beauty on her knees before frail beauty,
Superb, she sniffed voluptuously
The wine of her triumph, and stretched out towards her,
As if to collect a sweet thank you.

She searched in the eye of her pale victim
The mute canticle that pleasure sings,
And this infinite and sublime gratitude
Which comes out of the eyelid like a long sigh.

- "Hippolyte, dear heart, what do you say to these things?
Do you understand now that it is not necessary to offer
The sacred holocaust of your first roses
To the violent breaths which could wither them?

My kisses are light like these ephemera
Which in the evening caress the great transparent lakes,
And your lover's will dig their ruts
Like agonizing carts or plowshares;

They will pass over you like a heavy team
Of horses and oxen with pitiless hooves...
Hippolyte, oh my sister! so turn your face,
You, my soul and my heart, my everything and my half,

Turn towards me your eyes full of azure and stars!
For one of those charming looks, divine balm,
From darker pleasures I will lift the veils,
And I'll put you to sleep in an endless dream! "

But then Hippolyte, raising his young head:
- "I am not ungrateful and do not repent,
My Delphine, I suffer and I am worried,
As after a nocturnal and terrible meal.

I feel heavy terrors melting on me
And black battalions of scattered phantoms,
Who want to lead me on moving roads
That a bloody horizon closes on all sides.

Did we then commit a strange action?
Explain, if you can, my confusion and my fear:
I shiver with fear when you say to me: "My angel!"
And yet I feel my mouth go towards you.

Don't look at me like that, you, my thought!
You whom I love forever, my chosen sister,
Even if you would be an ambush
And the beginning of my perdition! "

Delphine shaking her tragic mane,
And as if stamping on the iron tripod,
The fatal eye answered in a despotic voice:
- "Who, in the face of love, dares to speak of hell?

Cursed forever be the useless dreamer
Who wanted the first, in his stupidity,
Falling in love with an insoluble and sterile problem,
To the things of love to mingle honesty!

He who wants to unite in a mystical accord
Shadow with heat, night with day,
Will never warm his paralyzed body
To this red sun that we call love!

Go, if you want, look for a stupid fiancé;
Run to offer a virgin heart to her cruel kisses;
And, full of remorse and horror, and livid,
You will bring me your branded breasts...

There can only be one master here below! "
But the child, pouring out immense pain,
Cried suddenly: - "I feel widening in my being
A gaping abyss; this abyss is my heart!

Burning like a volcano, deep like emptiness!
Nothing will satiate this moaning monster
And quench the thirst of Eumenides
Who, torch in hand, burns him to blood.

Let our closed curtains separate us from the world,
And may weariness bring rest!
I want to annihilate myself in your deep throat,
And find on your bosom the coolness of the tombs! "

- Get down, get down, lamentable victims,
Descend the path to eternal hell!
Dive deep into the abyss, where all crimes,
Scourged by a wind that does not come from the sky,

Bubbling pell-mell with the noise of a storm.
Crazy shadows, run to the goal of your desires;
You will never be able to satisfy your rage,
And your punishment will arise from your pleasures.

Never did a cool ray light up your caves;
Through the cracks in the walls of feverish miasma
Filter by igniting like lanterns
And penetrate your bodies with their awful perfumes.

The harsh sterility of your enjoyment
Quenches your thirst and stiffens your skin,
And the furious wind of lust
Claps your flesh like an old flag.

Far from the living, wandering, condemned peoples,
Run through the deserts like wolves;
Make your destiny, disordered souls,
And flee the infinity that you carry within you!
 
I found two poems by Beaudelaire under that name.

(1)

Comme un bétail pensif sur le sable couchées,
Elles tournent leurs yeux vers l'horizon des mers,
Et leurs pieds se cherchant et leurs mains rapprochées
Ont de douces langueurs et des frissons amers.

Les unes, coeurs épris des longues confidences,
Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux,
Vont épelant l'amour des craintives enfances
Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux ;

D'autres, comme des soeurs, marchent lentes et graves
A travers les rochers pleins d'apparitions,
Où saint Antoine a vu surgir comme des laves
Les seins nus et pourprés de ses tentations ;

Il en est, aux lueurs des résines croulantes,
Qui dans le creux muet des vieux antres païens
T'appellent au secours de leurs fièvres hurlantes,
Ô Bacchus, endormeur des remords anciens !

Et d'autres, dont la gorge aime les scapulaires,
Qui, recélant un fouet sous leurs longs vêtements,
Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires,
L'écume du plaisir aux larmes des tourments.

Ô vierges, ô démons, ô monstres, ô martyres,
De la réalité grands esprits contempteurs,
Chercheuses d'infini, dévotes et satyres,
Tantôt pleines de cris, tantôt pleines de pleurs,

Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies,
Pauvres soeurs, je vous aime autant que je vous plains,
Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies,
Et les urnes d'amour dont vos grands coeurs sont pleins !

(translation):

Like thoughtful cattle lying on the sand,
They turn their eyes to the horizon of the seas,
And their feet seeking each other and their hands close together
Have sweet languor and bitter chills.

Some, hearts in love with long confidences,
In the depths of the groves where the streams chatter,
Go spelling the love of fearful childhoods
And dig the green wood of young shrubs;

Others, like sisters, walk slow and serious
Through the rocks full of apparitions,
Where Saint Anthony saw rising like lava
The naked and purple breasts of her temptations;

There are, in the gleams of crumbling resins,
Who in the mute hollow of old pagan caves
Call you for help from their howling fevers,
O Bacchus, sleeper of ancient remorse!

And others, whose throat loves scapulars,
Who, concealing a whip under their long garments,
Mix, in the dark wood and the lonely nights,
The foam of pleasure to the tears of torment.

O virgins, o demons, o monsters, o martyrs,
Of reality great spirits of disdain,
Seekers of infinity, devotees and satyrs,
Sometimes full of cries, sometimes full of tears,

You whom in your hell my soul has pursued,
Poor sisters, I love you as much as I pity you,
For your gloomy pains, your unquenched thirsts,
And the urns of love with which your big hearts are full!

(2)

A la pâle clarté des lampes languissantes,
Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur
Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.

Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête,
De sa naïveté le ciel déjà lointain,
Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
Vers les horizons bleus dépassés le matin.

De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
L'air brisé, la stupeur, la morne volupté,
Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
Tout servait, tout parait sa fragile beauté.

Etendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
Delphine la couvait avec des yeux ardents,
Comme un animal fort qui surveille une proie,
Après l'avoir d'abord marquée avec les dents.

Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
Superbe, elle humait voluptueusement
Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle,
Comme pour recueillir un doux remerciement.

Elle cherchait dans l'oeil de sa pâle victime
Le cantique muet que chante le plaisir,
Et cette gratitude infinie et sublime
Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir.

- " Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses ?
Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir
L'holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?

Mes baisers sont légers comme ces éphémères
Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
Comme des chariots ou des socs déchirants ;

Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié...
Hippolyte, ô ma soeur ! tourne donc ton visage,
Toi, mon âme et mon coeur, mon tout et ma moitié,

Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles !
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
Et je t'endormirai dans un rêve sans fin ! "

Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête :
- " Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
Comme après un nocturne et terrible repas.

Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
Et de noirs bataillons de fantômes épars,
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts.

Avons-nous donc commis une action étrange ?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi :
Je frissonne de peur quand tu me dis : " Mon ange ! "
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.

Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée !
Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection,
Quand même tu serais une embûche dressée
Et le commencement de ma perdition ! "

Delphine secouant sa crinière tragique,
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique :
- " Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer ?

Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté !

Celui qui veut unir dans un accord mystique
L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
Ne chauffera jamais son corps paralytique
A ce rouge soleil que l'on nomme l'amour !

Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ;
Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers ;
Et, pleine de remords et d'horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...

On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître ! "
Mais l'enfant, épanchant une immense douleur,
Cria soudain : - " Je sens s'élargir dans mon être
Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur !

Brûlant comme un volcan, profond comme le vide !
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide
Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.

Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
Et que la lassitude amène le repos !
Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde,
Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! "

- Descendez, descendez, lamentables victimes,
Descendez le chemin de l'enfer éternel !
Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,

Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage.
Ombres folles, courez au but de vos désirs ;
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.

Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes ;
Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes
Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.

L'âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et roidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau.

Loin des peuples vivants, errantes, condamnées,
A travers les déserts courez comme les loups ;
Faites votre destin, âmes désordonnées,
Et fuyez l'infini que vous portez en vous !

(translation):

In the pale light of languid lamps,
On deep cushions all impregnated with odor
Hippolyte dreamed of powerful caresses
Who lifted the curtain of his young candor.

She sought, with an eye troubled by the storm,
From its naivety the already distant sky,
Like a traveler who turns his head
Towards blue horizons overtaken in the morning.

Of her eyes deadened the lazy tears,
The broken air, the stupor, the dull voluptuousness,
His vanquished arms, thrown down like vain weapons,
Everything served, everything showed its fragile beauty.

Lying at his feet, calm and full of joy,
Delphine brooded over her with ardent eyes,
Like a strong animal watching a prey,
After first marking it with the teeth.

Strong beauty on her knees before frail beauty,
Superb, she sniffed voluptuously
The wine of her triumph, and stretched out towards her,
As if to collect a sweet thank you.

She searched in the eye of her pale victim
The mute canticle that pleasure sings,
And this infinite and sublime gratitude
Which comes out of the eyelid like a long sigh.

- "Hippolyte, dear heart, what do you say to these things?
Do you understand now that it is not necessary to offer
The sacred holocaust of your first roses
To the violent breaths which could wither them?

My kisses are light like these ephemera
Which in the evening caress the great transparent lakes,
And your lover's will dig their ruts
Like agonizing carts or plowshares;

They will pass over you like a heavy team
Of horses and oxen with pitiless hooves...
Hippolyte, oh my sister! so turn your face,
You, my soul and my heart, my everything and my half,

Turn towards me your eyes full of azure and stars!
For one of those charming looks, divine balm,
From darker pleasures I will lift the veils,
And I'll put you to sleep in an endless dream! "

But then Hippolyte, raising his young head:
- "I am not ungrateful and do not repent,
My Delphine, I suffer and I am worried,
As after a nocturnal and terrible meal.

I feel heavy terrors melting on me
And black battalions of scattered phantoms,
Who want to lead me on moving roads
That a bloody horizon closes on all sides.

Did we then commit a strange action?
Explain, if you can, my confusion and my fear:
I shiver with fear when you say to me: "My angel!"
And yet I feel my mouth go towards you.

Don't look at me like that, you, my thought!
You whom I love forever, my chosen sister,
Even if you would be an ambush
And the beginning of my perdition! "

Delphine shaking her tragic mane,
And as if stamping on the iron tripod,
The fatal eye answered in a despotic voice:
- "Who, in the face of love, dares to speak of hell?

Cursed forever be the useless dreamer
Who wanted the first, in his stupidity,
Falling in love with an insoluble and sterile problem,
To the things of love to mingle honesty!

He who wants to unite in a mystical accord
Shadow with heat, night with day,
Will never warm his paralyzed body
To this red sun that we call love!

Go, if you want, look for a stupid fiancé;
Run to offer a virgin heart to her cruel kisses;
And, full of remorse and horror, and livid,
You will bring me your branded breasts...

There can only be one master here below! "
But the child, pouring out immense pain,
Cried suddenly: - "I feel widening in my being
A gaping abyss; this abyss is my heart!

Burning like a volcano, deep like emptiness!
Nothing will satiate this moaning monster
And quench the thirst of Eumenides
Who, torch in hand, burns him to blood.

Let our closed curtains separate us from the world,
And may weariness bring rest!
I want to annihilate myself in your deep throat,
And find on your bosom the coolness of the tombs! "

- Get down, get down, lamentable victims,
Descend the path to eternal hell!
Dive deep into the abyss, where all crimes,
Scourged by a wind that does not come from the sky,

Bubbling pell-mell with the noise of a storm.
Crazy shadows, run to the goal of your desires;
You will never be able to satisfy your rage,
And your punishment will arise from your pleasures.

Never did a cool ray light up your caves;
Through the cracks in the walls of feverish miasma
Filter by igniting like lanterns
And penetrate your bodies with their awful perfumes.

The harsh sterility of your enjoyment
Quenches your thirst and stiffens your skin,
And the furious wind of lust
Claps your flesh like an old flag.

Far from the living, wandering, condemned peoples,
Run through the deserts like wolves;
Make your destiny, disordered souls,
And flee the infinity that you carry within you!
You're absolutely right. There are these two poems under that name inside his masterpiece: "Les Fleurs du Mal" (The Flowers of Evil). Baudelaire is one of my favorite poets, if not my favorite.
 
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